Election 1 / Election 2 - Quand on change de genre, on change de genre...
L'histoire du cinéma populaire hong-kongais depuis le début des années 1990 est quelque chose de fascinant, et c'est quand on croit que plus rien ne va se passer qu'une nouvelle surprise tombe du ciel.
Depuis le 1er juillet 1997, Hong Kong a été rétrocédé à la Chine. Dans le cinéma des années 1990 qu'est ce qui est dit à ce sujet ? Rien, ou presque. Un film a illustré de façon magistrale ce silence : Little Cheung de Fruit Chan. Ce film se déroule pendant la dernière semaine de juin 1997 et décrit des immigrés clandestins chinois refoulés à la frontière par la police de Hong Kong, qui fait comme si rien n'allait se passer. Le film est ponctué par un compte à rebours : J-7, J-6, etc... Mais rien ne sera dit sur le jour J, 1er juillet. Silence, tout va bien. Rien n'a changé.
Le cinéma sera donc silencieux, et on peut voir les polars Hong Kongais pré 1997 comme ceux post 1997 : tout reste en place. Du divertissement et des combats au pistolet. Même Jackie Chan et sa bonne bouille sort un Police Story comme au bon vieux temps.
Pourtant, pourtant... tout le monde est parti ! Wong Kar Wai et John Woo aux USA, Fruit Chan et Tsui Hark en Chine populaire. Cinéastes "sérieux" comme auteurs de films de genre, chacun à pris acte à sa façon, parfois surprenante. Le petit monde du ciné Hong Kongais a explosé.
Sur place, il ne reste pas grand monde. Il reste Johnnie To et quelques autres, comme Ringo Lam. Pour compenser, Johnnie To semble avoir décidé de faire la production cinématographique de 20 personnes à lui tout seul, comme réalisateur et producteur. Il a réalisé 40 films en trente ans avec une énorme accélération ces 5 dernières années. Considéré comme réalisateur de deuxième ordre pendant longtemps, c'est l'absence des autres qui l'a d'abord fait ressortir. Il a tourné de tout : du pur film d'action, du nanar, de la bluette pour adolescents, du polar esthétisant.
Et là, tout d'un coup, il a décidé de montrer qu'il était le plus grand d'entre tous : il a tourné Election 1 puis dans la foulée Election 2.
Je vais avoir du mal à résumer les films, saturés de thèmes différents. Le ton est noir, austère. Intérieurs clos, étriqués. On est dans la Triade Woo Shing, société secrète qui existe depuis des siècles, d'abord destinée à lutter contre les envahisseurs mandchous, puis devenue pègre une fois repliée sur Hong Kong.
Johnnie To parle du pouvoir. La Woo Shing élit son représentant tous les deux ans, jamais deux fois le même. Un équilibre a été trouvé, ainsi le pouvoir d'une seule personne ne devient jamais écrasant, et les autorités ont en permanence un interlocuteur unique. Mais à quoi ressemble une campagne électorale dans les bas fonds de Hong Kong ? C'est ce que nous montre Election 1. Il faut le dire tout de suite : les arguments électoraux sont très musclés. Les hommes veulent le pouvoir, qui les fait sortir du lot, après des années de servitude. Cette fois, le placide Lok affronte l'instable Big D. Classique ? Vous verrez. Et même une fois l'élection réglée, que faire si l'attribut du pouvoir se retrouve dans les mains du perdant, quelle autorité aura celui qui une fois élu ne peut même pas conserver le sceptre traditionnel du chef de la triade ?
Johnnie To décrit l'organigramme d'une Triade, ses hommes, ses habitudes, ses objectifs. Très classique, il y a une éthique de la pègre et le film fait penser à la trilogie du Parrain de Coppola. Mais ici, les apparences sont aussi importantes que la réalité, il faut unité et ordre. Les autorités de la police de Hong Kong sont même prêtes à aider pour que tout se passe pour le mieux lors de cette élection.
On comprend vite que cet ordre n'est qu'hyprocrisie : pour que la Woo Shing soit devenue ce qu'elle est, tout en conservant son decorum de société secrète, il a fallu trahisons et mensonges à travers les siècles. C'est une de ces trahisons que raconte Election 1.
Dans Election 2, il sera toujours question de pouvoir. Mais cette fois le sujet tabou est évoqué : comment les Triades se sont elles adaptées à l'intégration en Chine populaire ? C'est ce qui sera raconté avec l'histoire de Jimmy, qui va affronter le vainqueur de la précédente élection. Jimmy veut le pouvoir pour sortir de la Triade. Il veut être homme d'affaires conventionnel mais tant qu'il sera redevable de sa carrière à la Triade, impossible. Pour lui, il doit prendre la tête de la Triade comme condition d'en sortir. On devine dès le début que son plan a quelque chose qui cloche, mais il n'y a pas d'alternative.
Cela dit, le pouvoir de Chine populaire trouve que cet interlocuteur présente bien, sérieux, direct, prévisible. Idéal comme Parrain, et tellement idéal qu'on pourrait bien se passer d'élection. D'ailleurs ce concept d'élection est suspect, très suspect.
Le film est très violent. Un homme de main est réduit en hachis et donné à manger à des chiens devant ses collègues, on ne plaisante plus. Un des dialogues du film dit " Homme de main, c'est dangereux." En effet. (En même temps, je m'en doutais :p )
Election arrive mettre un terme à une époque du polar de Hong Kong. Johnnie To a rompu le silence : la donne a changé. Et sa mise en scène m'a enfin convaincu : que tout cela est âpre, au scalpel. Noir, très noir.
Quel panache quand même que d'intituler un film produit en Chine populaire "Election". La classe, Monsieur To !
Commentaires
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