Dakota du Nord 1876, rien ne va plus !
" Wild Bill Hickok et moi, nous avons eu toute la bande. Il y en avait 8 et bien sûr, il a fallu les abattre, car ils ne voulaient pas céder. Ton père en a compté 3 qui avaient le bras droit transpercé. Il m'a dit "C'est ton travail, Jane. Tu ne vises jamais pour tuer." Les 5 autres, il a tiré pour les tuer. Il n'a jamais paru géné de tuer, mais moi si." Calamity Jane, lettres à sa fille, éd. Rivages poches p. 21.
Cette brave Calamity Jane, si pleine de délicatesse, est un des personnages principaux de Deadwood, série HBO que j'ai découvert avec un peu de retard cette semaine (la saison 1 date de 2004 quand même). Alors voilà, autour de moi plein de gens qui radotent à n'en plus finir sur des séries sans aucun intérêt, il suffit qu'il en sorte une qui vaille la peine de s'y arréter, et c'est le silence radio. Une honte ! :p. Je devrais recevoir la saison 2 par la poste la semaine prochaine, il faudra bien cela pour rattraper mon retard.
Il y a plein de bonnes choses dans Deadwood. Déjà, c'est du western, du vrai, centré sur la construction d'une nation dans l'ouest, la prise de conscience d'appartenir à une communauté, la mise en place d'un semblant d'ordre et d'autorité, le brassage social. J'ai souvent lu ça et là que le western était un genre mort, qui avait son avenir derrière lui, tout ça. En tout cas, s'il est mort, le cadavre se porte bien. Il y a beaucoup moins de productions que dans les années 50, d'accord, mais cet "âge d'or" faisait suite à de précédents constats de déces, à la fin des années 20 par exemple. Le western renaît toujours de ses cendres (c'est beau ce que j'écris là, non ?).
Les western récents sont peu nombreux mais sont la plupart du temps très soignés, comme Open Range de Kevin Costner en 2004, ou la nouvelle version annoncée de la mort de Jesse James "The Assassination of Jesse James by the Coward Robert Ford" qui est précédée d'une très bonne réputation avant sa sortie. Le western n'est plus un genre mineur dans l'esprit des producteurs et quand les studios en réalisent un, il est luxueux.
C'est le cas de "Deadwood", série produite par HBO et la même équipe qui a mis en place "NYPD Blues". Tout a été soigneusement pensé et écrit. La série mélange personnages réels et fictions sans les distinguer. Au menu des personnages ayant réellement existé, outre Wild Bill Hickok et Calamity Jane, il y Al Swearengen, le patron corrompu du saloon, au centre de tous les trafics et arnaques locales, et Seth Bullock, le premier Sheriff de Deadwood. David Milch, créateur de la série, a déclaré se désinteresser de l'exactitude pour se concentrer sur le reconstitution de l'ambiance de Deadwood.
En 1876, au pire des guerres indiennes, quelques semaines après la défaite de Custer à Little Big Horn, une ruée vers l'or a lieu à Deadwood, en réserve des indiens Sioux, dans le Dakota du Nord. C'est à dire que la ville est construite dans l'illégalité la plus totale, juste tolérée par les autorités débordées. Il n'y a donc pas de loi à Deadwood, et y affluent tout ce que l'ouest américain compte de pires représentants de l'humanité.
J'ai lu que Deadwood était très novateur et tranchait avec les westerns de la grande époque menés par le trio infernal John Ford, Howard Hawks et Anthony Mann. C'est que ces critiques n'ont pas bonne mémoire et ont un peu oublié leurs classiques. Ce qui m'a au contraire frappé, c'est à quel point les sujets et les thèmes de Deadwood sont calqués sur les sujets les plus traditionnels du western US. Les personnages de My Darling Clementine ou de The Man from Laramie pourraient se détacher de leur pellicule Technicolor et entrer dans le Deadwood en image de synthèse concocté par David Milch sans le moindre dépaysement, ils seraient tout de suite intégrés à la petite ville. J'ai l'impression que la série est nourrie au western classique. Seul le langage est plus cru et quelques nudités franches apparaissent qui n'auraient pas passé la censure de l'époque (la série est interdite aux moins de 16 ans aux USA, ce qui est quand même très abusif).
Le langage de Deadwood est une curiosité en soi. Les dialogues sont très construits, écrits, presque des répliques de théatre, mais avec la plus grande concentration d'insultes que j'ai jamais entendu. Il faut impérativement écouter la série en VO (j'essaierai la VF pour voir ce que ça donne) et on découvre que la langue anglaise est beaucoup plus riche en insultes variées et imagées que ce que laissent paraître les productions US habituelles. Le mot de base pour ouvrir toute conversation est "cocksucker", suivi de toute une déclinaison de jurons pas toujours compréhensibles. Un complément utile aux cours d'anglais scolaires pour se débrouiller avec l'anglais de la rue :)
Autre grande qualité de Deadwood, la subtilité des personnages et l'intérêt des nombreuses intrigues entremélées. Les personnages peuvent revirer de position selon leurs intérets du moment, et il n'y a jamais d'invraisemblance ou de failles logiques, en tout cas pas dans la saison 1. Les interprètes sont très bons dans l'ensemble, mention spéciale à Al Swearengen (Ian McShane), abominable patron de lupanar crasseux, virtuose du couteau.
Si l'écriture est bonne, par contre les images et la réalisation bof. Ca fait vraiment série télé, tout en gros plans jamais très inspirés, et le rythme trainasse un peu parfois. La seule très bonne idée de réalisation est l'utilisation de l'espace de la rue principale, lieu où tous les protagonistes s'observent. Le côté opressant d'une petite ville est très bien rendu, rien n'est secret plus de quelques secondes à Deadwood, tout le monde sait tout sur tout le monde, d'où une impression de malaise permanent, et d'enfermement pour plusieurs personnages.
Mais ce qui manque le plus cruellement, ce sont les grands paysages, qui sont à mon avis une marque importante des westerns. On sait qu'on est dans une réserve indienne parce qu'on nous le dit, mais les extérieurs paraissent toujours très étriqués. Le Dakota du Nord, sauvage, ressemble à un jardin ouvrier dans la banlieue parisienne mais en plus petit. Pas de quoi s'extasier.
Trois saisons ont été filmées, la quatrième saison annulée sera remplacée par deux téléfilms de deux heures chaque pour conclure les intrigues en suspens. Ce n'est pas forcément un mal, j'ai toujours peur des séries qui se délitent au fur et à mesure des saisons qui passent sans se renouveler.
Voilà, enfin une série faite pour moi et mes goûts tout ringards :p
Cette brave Calamity Jane, si pleine de délicatesse, est un des personnages principaux de Deadwood, série HBO que j'ai découvert avec un peu de retard cette semaine (la saison 1 date de 2004 quand même). Alors voilà, autour de moi plein de gens qui radotent à n'en plus finir sur des séries sans aucun intérêt, il suffit qu'il en sorte une qui vaille la peine de s'y arréter, et c'est le silence radio. Une honte ! :p. Je devrais recevoir la saison 2 par la poste la semaine prochaine, il faudra bien cela pour rattraper mon retard.
Il y a plein de bonnes choses dans Deadwood. Déjà, c'est du western, du vrai, centré sur la construction d'une nation dans l'ouest, la prise de conscience d'appartenir à une communauté, la mise en place d'un semblant d'ordre et d'autorité, le brassage social. J'ai souvent lu ça et là que le western était un genre mort, qui avait son avenir derrière lui, tout ça. En tout cas, s'il est mort, le cadavre se porte bien. Il y a beaucoup moins de productions que dans les années 50, d'accord, mais cet "âge d'or" faisait suite à de précédents constats de déces, à la fin des années 20 par exemple. Le western renaît toujours de ses cendres (c'est beau ce que j'écris là, non ?).
Les western récents sont peu nombreux mais sont la plupart du temps très soignés, comme Open Range de Kevin Costner en 2004, ou la nouvelle version annoncée de la mort de Jesse James "The Assassination of Jesse James by the Coward Robert Ford" qui est précédée d'une très bonne réputation avant sa sortie. Le western n'est plus un genre mineur dans l'esprit des producteurs et quand les studios en réalisent un, il est luxueux.
C'est le cas de "Deadwood", série produite par HBO et la même équipe qui a mis en place "NYPD Blues". Tout a été soigneusement pensé et écrit. La série mélange personnages réels et fictions sans les distinguer. Au menu des personnages ayant réellement existé, outre Wild Bill Hickok et Calamity Jane, il y Al Swearengen, le patron corrompu du saloon, au centre de tous les trafics et arnaques locales, et Seth Bullock, le premier Sheriff de Deadwood. David Milch, créateur de la série, a déclaré se désinteresser de l'exactitude pour se concentrer sur le reconstitution de l'ambiance de Deadwood.
En 1876, au pire des guerres indiennes, quelques semaines après la défaite de Custer à Little Big Horn, une ruée vers l'or a lieu à Deadwood, en réserve des indiens Sioux, dans le Dakota du Nord. C'est à dire que la ville est construite dans l'illégalité la plus totale, juste tolérée par les autorités débordées. Il n'y a donc pas de loi à Deadwood, et y affluent tout ce que l'ouest américain compte de pires représentants de l'humanité.
J'ai lu que Deadwood était très novateur et tranchait avec les westerns de la grande époque menés par le trio infernal John Ford, Howard Hawks et Anthony Mann. C'est que ces critiques n'ont pas bonne mémoire et ont un peu oublié leurs classiques. Ce qui m'a au contraire frappé, c'est à quel point les sujets et les thèmes de Deadwood sont calqués sur les sujets les plus traditionnels du western US. Les personnages de My Darling Clementine ou de The Man from Laramie pourraient se détacher de leur pellicule Technicolor et entrer dans le Deadwood en image de synthèse concocté par David Milch sans le moindre dépaysement, ils seraient tout de suite intégrés à la petite ville. J'ai l'impression que la série est nourrie au western classique. Seul le langage est plus cru et quelques nudités franches apparaissent qui n'auraient pas passé la censure de l'époque (la série est interdite aux moins de 16 ans aux USA, ce qui est quand même très abusif).
Le langage de Deadwood est une curiosité en soi. Les dialogues sont très construits, écrits, presque des répliques de théatre, mais avec la plus grande concentration d'insultes que j'ai jamais entendu. Il faut impérativement écouter la série en VO (j'essaierai la VF pour voir ce que ça donne) et on découvre que la langue anglaise est beaucoup plus riche en insultes variées et imagées que ce que laissent paraître les productions US habituelles. Le mot de base pour ouvrir toute conversation est "cocksucker", suivi de toute une déclinaison de jurons pas toujours compréhensibles. Un complément utile aux cours d'anglais scolaires pour se débrouiller avec l'anglais de la rue :)
Autre grande qualité de Deadwood, la subtilité des personnages et l'intérêt des nombreuses intrigues entremélées. Les personnages peuvent revirer de position selon leurs intérets du moment, et il n'y a jamais d'invraisemblance ou de failles logiques, en tout cas pas dans la saison 1. Les interprètes sont très bons dans l'ensemble, mention spéciale à Al Swearengen (Ian McShane), abominable patron de lupanar crasseux, virtuose du couteau.
Si l'écriture est bonne, par contre les images et la réalisation bof. Ca fait vraiment série télé, tout en gros plans jamais très inspirés, et le rythme trainasse un peu parfois. La seule très bonne idée de réalisation est l'utilisation de l'espace de la rue principale, lieu où tous les protagonistes s'observent. Le côté opressant d'une petite ville est très bien rendu, rien n'est secret plus de quelques secondes à Deadwood, tout le monde sait tout sur tout le monde, d'où une impression de malaise permanent, et d'enfermement pour plusieurs personnages.
Mais ce qui manque le plus cruellement, ce sont les grands paysages, qui sont à mon avis une marque importante des westerns. On sait qu'on est dans une réserve indienne parce qu'on nous le dit, mais les extérieurs paraissent toujours très étriqués. Le Dakota du Nord, sauvage, ressemble à un jardin ouvrier dans la banlieue parisienne mais en plus petit. Pas de quoi s'extasier.
Trois saisons ont été filmées, la quatrième saison annulée sera remplacée par deux téléfilms de deux heures chaque pour conclure les intrigues en suspens. Ce n'est pas forcément un mal, j'ai toujours peur des séries qui se délitent au fur et à mesure des saisons qui passent sans se renouveler.
Voilà, enfin une série faite pour moi et mes goûts tout ringards :p
Commentaires
Ceci dit moi jaccroche vraiment pas à Deadwood. C'est triste mais je suis même pas allé au bout du premier épisode...
Et je ne suis pas convaincu à 100 % non plus, rien de bien nouveau sous le soleil au final dans ce Deadwood. J'ai reçu la saison 2 ce matin, il paraît que c'est plus nerveux, je vais voir.
En attendant, je vais continuer tranquillement ma petite collection John Ford. Je commence même à lorgner sur ses quelques westerns muets dont les pellicules n'ont pas été perdues ^^ Cela vaut-il le coup ?