La nuit Kaamelott - Le Peplum, Excalibur et les geeks
Depuis quelques temps j'avais une petite tendance à négliger le côté adolescent attardé et la culture geek, à force de trainouiller dans des lieux de perdition tels que Bastille, l'Opéra comique et autres... il était temps de faire un petit retour vers les séries télé, les jeux video, les jeux de rôle et les vieilles sagas du cinéma américain des années 1980, bref, la culture geek dans toute sa splendeur.
Il y a un série télé que je regarde de temps en temps, c'est Kaamelott. C'est la chose la plus sympathique qui soit arrivé à la télévision française depuis 10 ans, heu non, 20 ans, heu non, 30 ans, heu non plus 40 ans, je vais dire sa disons création. C'est comme une bouffée d'air frais après au milieu de tous ces programmes stéréotypés, formatés, construits selon les goûts supposés du public en fonction d'on ne sait quelles études de marché. Et ce produit qui semble sorti de nulle aprt, unique dans son format et son style, a marché au-delà de toutes les espérances. Ca rassure un peu sur le public : une série OVNI conçue par une sorte de geek musicien , Alexandre Astier, qui ne regardait pas la télévision, a trouvé sa place à une heure de grande diffusion, et c'est même devenu une des "succes-story" les plus marquantes qui soit.
Euh bon, je suis un peu un faux fan, je ne connais même pas tous les épisodes. Si j'ai du voir un majorité de la série, je crois n'avoir pas vu une seule saison en intégrale. C'est donc avec le sentiment d'être un vague imposteur que je me suis rendu au grand Rex le 25 mars assister en avant première en présence de l'équipe à la plus grande partie de la sixième saison, convaincu (assez facilement, je suis faible) par un authentique geek.
Le plaisir est total, ça passe bien sur grand écran car même si c'est un format série qui n'a pas d'ambition sur la forme visuelle, c'est très soigné et en réalité mieux filmé que la majorité des films dits sérieux qui sortent en France. Alexandre Astier continue à raconter la quête du Graal par le roi Arthur et ses chevaliers de la table ronde, mais tournés en dérision c'est une bande de branques, même qu'on se dit que c'est pas gagné d'avance, cette histoire de Graal. Des scènes à mourir de rire, je ne sais pas trop analyser le cocktail qui fait le succès de cette série : une tradition arthurienne assez respectée en dépit des apparences, beaucoup de soin sur les dialogues, une influence évidente de René Goscinny, plein de clins d'oeil à une foule de choses, des invités vedette à qui l'on confie des rôles confiés sur mesure mais qu'Alexandre Astier doit bien tenir, car aucun ne cabotine jamais. Pour rester dans la tonalité qu'à pris ce blog, il faut noter qu'une des stars de la série, Perceval le Gallois, partage avec le Parsifal de Richard Wagner un entendement des choses assez limité (c'est pas faux).
Cette sixième saison a une originalité : elle se déroule à Rome. Arthur étant censé dans la série avoir grandi dans cette ville et être de culture romaine, et n'être arrivé que plus tard dans sa citadelle boréale de Kaamelott, c'est en réalité l'introduction de la série. Alexandre Astier a profité d'une opportunité aussi : les décors en déshérence de la série Rome en Italie, dont j'ai déjà dit deux mots, . Intéressant depuis le début de voir une série comique qui se passe dans cet univers méconnu de la déliquescence progressive de l'Empire moyen et du début de ce qu'on va appeler "le moyen âge". C'est loin d'être idiot, et il y a en permanence des moments hilarants. Ayant appris le métier de scénariste et de cinéaste sur le tas, Alexandre Astier a une écriture subtile, faite d'un mélange de beaucoup de choses, je me dis qu'il doit avoir un talent naturel fou même si, issu d'une famille de théâtreux, il a eu la chance d'être plongé très jeune dans cette atmosphère. Il utilise aussi des ficelles éprouvées, je n'en dirai pas trop, mais certains éléments de cette saison 6 sont inspirés du Ruy Blas de Victor Hugo (mais pas seulement, loin de là). Et je ressens quelque chose de profondément touchant, et de rassurant sur le monde dans lequel on se trouve, de se dire que ce qui est un des plus grands succès de la télévision française de tous les temps est le fait d'inconnus et de culture théâtreuse à la base.
Cette sixième saison sera la fin des épisodes destinés au format télévisé. Pour conclure sa quête du Graal, l'équipe de Kaamelott a décidé de se lancer dans rien moins que trois films cinéma ensuite. Le défi paraît incroyable pour une série dont le format à l'origine était un sketch comique quotidien de trois minutes, mais vu tout le talent qu'on a vu déployé jusqu'ici, il y a de quoi être optimiste sur le résultat.
Ambiance extraordinaire dans cette "Nuit Kaamelott", au fait, avec fans en délire dans un grand cinéma comble qui tremblait sous leurs cris - galvanisant de voir plusieurs milliers de personnes se coordonner spontanément pour lancer les répliques les plus connues de la série - et un Alexandre Astier visiblement très ému.
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