Air au Zenith - 19 novembre 2007


Bien, je n'y connais pas grand chose en techno, et pourtant j'ai assisté en deux fois en mois d'un an au concert du même groupe, Air, autour du même album, Pocket Symphony.

Je dois honteusement avouer que j'ai profité de la grève pour avoir à la dernière minute des places, habitant près du Zenith en question ce ne fut point difficile.

J'étais mitigé la première fois, je suis aussi mitigé la seconde fois mais je crois que j'ai des idées plus précises. Il y a du très bon de Air sur scène et du très mauvais, et ils devraient faire attention car le très mauvais pourrait leur couter cher.

Précedent avis sur le concert de la Cigale

Le très bon est l'attention qu'ils portent à leur musique, sans le moindre effet scénique, le travail énorme concentré sur d'anciens titres. Le groupe est productif, et n'est pas en manque de choses à proposer au public, ils sont rodés à leur technique et ils le montrent.

Alors qu'est ce qui ne va pas ?

Le corrolaire de tout cela. Hier soir, plus encore que la première fois je n'ai pas assisté à un concert autour de leur dernier album, mais à un best-of. Tous les albums ont été passés en revue, à chaque fois on a eu droit à un ou deux titres de chaque album, avec les incontournables Sexy-Boy et Kelly watch the stars, sans lesquels il semble qu'un concert de Air ne serait pas un concert de Air.

La sono du Zenith est beaucoup plus précise et claire que celle de la Cigale qui ne restituait qu'un magma sonore informe et déséquilibré, dont la principale victime avait été une Charlotte Gainsbourg rendue aphone. Une sono beaucoup plus puissante aussi, qui permet au public de se lâcher un peu plus et à Air de faire des effets sonores dignes d'un vrai concert de musique électronique, le final était étonnant avec des incroyables masses sonores qui se déplaçaient dans la salle, en jouant sur des effets de spatialisation acoustique. Complètement ahurissant, l'impression que sur scène des magiciens nous faisaient entendre ce qu'ils voulaient qu'on entende puis le contraire la minute d'après.

Les moins de Air sur scène sont nombreux. Le premier est leur rigidité. Ce ne sont pas des bêtes de scène, mais vraiment pas. Quelques phrases lâchés, la quasi-totalité des interventions sont des " Merci. Merci beaucoup." à la limite du coincé. Les tentatives de se lâcher sont assez pathétiques, comme le " Vous aimez les slows ? " posé comme une question de trigonométrie, et enchaîné avec " Ce titre est un de mes slows préférés du dernier album", énoncé comme un exposé powerpoint sur l'évolution de la vente de tondeuses à gazon en picardie entre 2003 et 2006. Pire, le " Vous êtes tous très sexy" lancé avant le " Sexy Boy" mais toujours aussi scolaire. Ce sont des garçons de bonne familles versaillaises, on ne se refait pas. Il n'y a pas de grande école de formation de rock-stars, c'est bien dommage.

Mais le vrai gros souci est l'absence de générosité. Les membres de Air pourraient compenser leur coincitude scénique en donnant des concerts-fleuves. Pas du tout, c'est le minimum syndical. Chaque concert dure 70 minutes, pas plus, pas moins. Qu'il y ait des guest-stars (comme à la Cigale) ou qu'il n'y en ait pas (comme au Zenith). Je pensais avoir ce sentiment pour cause de sortie intensive dans des concerts classiques et à l'opéra, où les chanteurs se livrent totalement sur scène et pour des durées de plusieurs heures, mais non. Un rapide tour d'horizon sur des forums de musique électronique m'a confirmé dans mon impression. Air est en train de se faire une réputation de merde sur scène, et la tournée en cours accumule les dates annulées. Le pire semblant être un concert au château de Versailles (chez papa-maman donc) qui a viré à la catastrophe cet été, le concert sous la pluie n'a duré que 2 titres sans excuses des membres du groupe, la seule compensation ayant été une offre de 15 euros (moitié prix) pour le concert du Zenith.

Pourtant, un concert de Air est passionnant et c'est plus que de la musique d'ascensceur de la lounge music, c'est planant et plein d'intensité, atmosphérique, et il est évident qu'en dépit de l'attitude apparemment nonchalante de musiciens qui ne donnent pas grand chose sur scène, c'est très travaillé et retravaillé.

Il ne reste plus qu'à trouver la formule qui marche, et de faire prendre la mayonnaise. Car je pense que la crédibilité et l'avenir du groupe est en jeu. En même temps, la crédibilité scénique d'un groupe de musique électronique, hein...

Commentaires

Chevalier Bayard a dit…
Si, "la crédibilité scénique d'un groupe de musique électronique" c'est important. En France on est (était) d'ailleurs plutôt spécialisé sur des DJ hallucinants sur scènes et plutôt moyen sur leurs albums. Cela s'appliquait par exemple à un Bob Sinclar, un David Guetta ou un Alif Tree, quoique le dernier joue quand même dans une autre catégorie...

Enfin toi qui a vu les Chemical Brothers sur scène. Si tu veux de la "crédibilité scénique" tu as été servi quand même, non ? pareil pour le dvd d'Underworld que je t'ai passé.

S'il passe et qu'enfin j'ai l'occasion d'y aller je t'emmène avec moi voir Timo Maas.
Fanch a dit…
Arf, j'avais pas vu ton commentaire.

Mais là, je parlais de Air, sur scène les Chemichal brothers c'est autre chose, et Underwold pareil.

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