Alcina et Ariodante de Haendel



Considération de bistrot du commerce du jour : les modes changent et si dans les années 1980 beaucoup de personnes pensaient que la langue naturelle du chant était l’anglais, dans les années 1730 il paraissait évident que c’était l’italien (il faut dire que les italiens avaient inventé l’opéra un peu plus d’un siècle auparavant, on leur devait bien ça).

C’est ainsi que Georg Friedrich Haendel était un allemand qui écrivait de l’opéra italien en Angleterre au XVIIIè siècle.

J’aime beaucoup les opéras de Haendel, avec leur musique très poétique qui accompagne ce théâtre des passions baroque, avec goût des paradoxes, des inversions, des symétries entre les personnages encore renforcé par la mode de l’époque de faire chanter les rôles de femmes par des hommes et les rôles d’hommes par des femmes, sans compter les fameux castrats dont je déplore amèrement la disparition (on ne sait plus s’amuser à notre triste époque).

Cependant, je trouve que pour que cela fonctionne, il faut un chef et un orchestre qui sachent « mettre le feu » dans la fosse et une équipe de chanteurs capables de pyrotechnie vocale, avec de l’imagination et des styles variés. Pas toujours évident à rassembler.

Dans ma résolution de l’année d’aller plus souvent au concert et d’arrêter d’écouter de la musique en boîte je me suis donc précipité coup sur coup sur Alcina et Ariodante dans deux productions très différentes (et vous notez que comme ça je fais un seul compte rendu à la place de deux, je suis trop fort).




Alcina est peut-être l’opéra de Haendel le plus connu et le plus joué. L’histoire tirée de l’Arioste est rigolote et permet à un metteur en scène normalement constitué de se lâcher.

La méchante magicienne Alcina naufrage les aventuriers sur son île magique, pour s’amouracher d’eux ou les transformer en objet, plantes, animaux, monstres. La jeune Bradamante vient délivrer son fiancé Ruggiero qui est l’objet actuel des amours d’Alcina. Mais quand elle arrive sur l’île déguisé en homme, Morgana, la sœur d’Alcina tombe amoureux d’elle, ignorant qu’elle est une femme. Cela rend Oronte, sbire d’Alcina, jaloux car il aime Morgana et il cherche à se venger. Tout cela est périlleux car Alcina, la sorcière amoureuse, peut à tout moment se fâcher et lâcher son armée de monstres sur les protagonistes. Ca paraît un peu confus, et heuuu, c’est un peu confus. Mais au moins il y a plein de rebondissements et on ne s’ennuie jamais.



Je l’ai entendu monté par l’orchestre du CNSM de Paris à la Cité de la Musique, c'est-à-dire par les bons élèves des classes de chant. L’avantage était que tous les chanteurs étaient d’un niveau homogène et franchement très bon. Les voix étaient très variées, mais tous les chanteurs n’étaient pas avantagés de la même manière : pour des raisons pas claires, les rôles d’Alcina et d’Oronte avaient été doublés et étaient chantés en alternance par deux chanteurs différents mais tous deux présents sur scène en même temps.

Je me suis demandé s’il s’agissait d’une volonté de mise en scène (personnages « ambivalents », dont les différentes facettes sont montrées par différents chanteurs), ou bien de la volonté de faire chanter le plus de monde possible, ou bien de la peur que le rôle d’Alcina soit trop lourd pour une seule chanteuse (mais apparemment non, les deux chanteuses étaient visiblement à l’aise pour le chanter en entier).

C’était un peu dommage, parce que ça menait en permanence à une « comparaison » des voix qui n’étaient pas exactement les mêmes, et ça rendait le dispositif sur scène un peu pesant. Et il y a une Alcina que j’ai préféré à l’autre, mais je ne peux pas dire laquelle je ne sais pas son nom (j’ai une chance sur deux, mais bon…)
Le soir où j’ai assisté à cette Alcina, la performance qui était nettement au dessus du lot était celle d’Isabelle Druet, mezzo dans le rôle de Ruggiero. Totalement engagée comme actrice et chanteuse, avec une vraie voix colorature très à l’aise dans les ornementations et vocalises du rôle. Mais comme je l’ai dit, le niveau était très homogène. Apparemment, quelques recherches sur internet montrent qu’Isabelle Druet a déjà commencé une carrière pro, donc le plateau n’était pas uniquement composé d’élèves comme je le pensais ?

Interprétation agréable, très variée et animée de l’orchestre du CNSM, mais ce qui m’a surpris était le style de cet orchestre, sorte d’hybride entre un orchestre baroque sur instruments anciens et un orchestre XXè, il y a avait notamment une harpiste aux accents très romantiques. Mais au final le seul vrai point noir de la prestation était l’idée de la mise en scène de faire pleuvoir des petits confettis sur scène et de demander aux figurants de jouer avec des pleines brassés pendant tout le premier acte : l’acoustique de la salle du CNSM est ultra précise et on entend une épingle tomber sur scène. Là pendant tout l’acte on a entendu « frshhhhhht frshhhhhht frshhhhhhht » c’était à la limite du supportable, et si j’avais eu un aspirateur à portée de mains je serais allé sur scène faire un peu de ménage.

Au final, une Alcina très divertissante, avec une mise en scène facile à suivre (même un peu de kung fu sur scène, mais ça reste assez sage) et une équipe de chanteurs qui faisaient bien varier la musique de Haendel dans le rythme et dans l’ interprétation.




une image floue de la production d'Ariodante

avec une video promotionnelle de grand air mélancolique d'Ariodante dans cette production - Scherza Infida : (attention le volume est à 0, il faut le monter sur la page)

lien vers video de Scherza Infida par Angelika Kirschschlager

Le deuxième opéra auquel j’ai assisté est l’Ariodante dirigée par Christophe Rousset au Théâtre des Champs Elysées, l’histoire d’Ariodante est plus simple, la princesse Ginevra d’Ecosse et le prince Ariodante s’aiment d’amour tendre, mais le méchant Polinesso, jaloux, va rien faire que de les embêter pendant tout l’opéra.
Cette fois c’est avec un plateau de stars montantes du chant. Tout l’opposé de l’Alcina et ses chanteurs inconnus, mais le point commun des deux productions est la grande variété des types de voix.

Angelika Kirschschlager est une mezzo avec une splendide voix lyrique pas forcément à l’aise dans le colorature si j’ai bien compris, mais j’ai trouvé qu’elle s’en sortait très bien, qu’elle chantait bien dans le style ornementé haendelien et qu’en plus sa voix contrastait avec celle de la mezzo Vivica Genaux, le méchant Polinesso, qui est, elle, ultra spécialisée dans le chant baroque. Sa voix est d’ailleurs incroyable, avec une virtuosité à couper le souffle (celui du public, pas le sien) et elle incarnait un Polinesso très fanfaron qui parcourait la scène à grandes enjambées, seul problème je pense que le rôle est un peu trop bas pour elle. Chez les rôles femmes aussi, contraste entre spécialsite du baroque/non spécialiste du baroque avec Jaël Azzareti dans le rôle de la suivante et Daniele de Niese dans le rôle de Ginevra.


Vivica Genaux

Tout fonctionnait assez bien au niveau des voix à mon avis, mais par contre je n’ai pas été très convaincu par le direction de Christophe Rousset qui a tout accompagné sur le même ton monocorde et sur le même rythme ce qui donne un sentiment de monotonie un peu gênant pour la musique de Haendel qui en devient un peu plan plan (Ariodante dure 4 heures, quand même), c’est dommage quand les chanteurs se donnent autant de mal sur scène.

Dans Haendel je préfère le style de Marc Minkovski et surtout de René Jacobs, qui mettent la partition en relief et donnent de la vie à ces aventures mythologiques. Seul moment de grande animation : il y avait des cors naturels, c’est marrant le cor naturel c’est deux pauvres musiciens qui s’époumonent dans des gros tuyaux tordus, et ça fait des bruits genre « Pwaaaââât Pwâââat Poeut Meuhhh Kwaaaac Kwaaaaac Flerererebleubeleubeuleu ». Il paraît que ça donne un côté héroïque à la partition.


Angelica Kirschschlager


Mise en scène jolie et sobre, un peu simple dans ses intentions : le décor tout blanc se referme quand l’action est oppressante, s’ouvre quand tout va bien, jolis costumes dans les tons bleutés. J'ai cru comprendre qu'il y avait une volonté de reproduire des miniatures médiévales avec des amours chevaleresques, je n'ai pas trouvé ça évident, peut être à cause du décor trop blanc.

Les ballets n’avaient pas été coupés et une compagnie avait été dépêchée pour faire une chorégraphie décalée et loufoque, mais pas si folichonne que ça.

Dans les deux cas, de bonnes soirées. Je regrette un peu d'avoir râté l"'évènement" du chant baroque cette saison avec le Castor et Pollux de Rameau au Châtelet, mais il n'y a pas moyen de tout voir, mon programme est déjà un peu frénétique.

(et vous avez vu comme je suis bon pour les onomatopées ?)

Commentaires

Anonyme a dit…
Bombance !


(il faut dire que les italiens avaient inventé l’opéra un peu plus d’un siècle auparavant, on leur devait bien ça).

Et même les Florentins.

Les Napolitains, c'est la pizza, les Vénitiens, les marais, et les Romains, le vol à la tire.

Je ne vous ai jamais raconté l'histoire du célèbre héros Terminus (qui a donné son nom à la gare Termini) ? Quel dommage.


C’est ainsi que Georg Friedrich Haendel était un allemand qui écrivait de l’opéra italien en Angleterre au XVIIIè siècle.

Après s'être formé en Italie (y rencontrant Corelli), il a pu introduire des danses à la française dans ses drames (par exemple dans Ariodante). Sans parler de ses ouvertures, qui étaient toujours à la française.

On sait moins que sa bonne était valaque, mais c'est une autre histoire.


sans compter les fameux castrats dont je déplore amèrement la disparition (on ne sait plus s’amuser à notre triste époque).

Fuligo a dit plusieurs fois qu'elle opérait à titre gracieux sur instruments d'époque.


Cependant, je trouve que pour que cela fonctionne, il faut un chef et un orchestre qui sachent « mettre le feu » dans la fosse et une équipe de chanteurs capables de pyrotechnie vocale, avec de l’imagination et des styles variés. Pas toujours évident à rassembler.

Oui, le baroque, du fait de la nudité de l'écriture, repose pour très grande part sur la valeur de ses interprètes.


Alcina est peut-être l’opéra de Haendel le plus connu et le plus joué.

Après Giulio Cesare !

Sur l'interprétation, bonne surprise, peut-être parce qu'il s'agit d'un répertoire léger vocalement, parce que ce qui sort des écoles de chant, CNSM compris... il faut trier. De très gros potentiels voisinent avec, disons pudiquement, des élèves encore en apprentissage.

Isabelle Druet peut tout à fait être élève et avoir déjà un bon début de carrière, c'est normal, le CNSM se veut l'antre de la professionnalisation.


il y a avait notamment une harpiste aux accents très romantiques.

Le luthiste avait une petite fatigue, elle rendait juste service.


Au final, une Alcina très divertissante, avec une mise en scène facile à suivre (même un peu de kung fu sur scène, mais ça reste assez sage)

Ce qui, vu ta connaissance encyclopédique du cinéma disons "populaire marginal", a considérablement enrichi ta thèse en cours sur le nanar.


et une équipe de chanteurs qui faisaient bien varier la musique de Haendel dans le rythme [...]

Tu veux dire les tempi ou l'irrégularité 'agogique' ?


avec une video promotionnelle de grand air mélancolique d'Ariodante dans cette production - Scherza Infida : (attention le volume est à 0, il faut le monter sur la page)

Mélancolique ?? J'ai toujours dit que Kirchschlager n'était pas à son meilleur en italien. :-(

Normalement, c'est à la frontière entre le désespoir et la sombre dérision.

Je suis allé voir, comme dans son disque récent, comme dans toutes ses interventions de ma connaissance dans le seria, c'est d'une mollesse expressive vraiment agaçante. Quant à Rousset, franchement tiède aussi... tout nous porte vers le mélancolique gentillet en effet, mais ce n'est pas cela !


Angelika Kirschschlager est une mezzo avec une splendide voix lyrique pas forcément à l’aise dans le colorature si j’ai bien compris,

Je pense surtout que c'est une question de langue et de caractère. Elle est totalement épatante en français et en anglais, avec une verve incroyable. En allemand, avec une belle justesse de ton, on est déjà plus sage.
Mais en italien, c'est vraiment d'une neutralité étonnante, surtout pour une actrice aussi engagée. En l'occurrence, d'ailleurs, elle semble un peu perdue.

Je m'étonne toujours de cette disparité.


mais j’ai trouvé qu’elle s’en sortait très bien, qu’elle chantait bien dans le style ornementé haendelien

Bien sûr, c'est loin d'être indigne ! Juste en-dessous de ce qu'on peut espérer d'elle, et un peu tiède expressivement parlant.


et qu’en plus sa voix contrastait avec celle de la mezzo Vivica Genaux, le méchant Polinesso, qui est, elle, ultra spécialisée dans le chant baroque. Sa voix est d’ailleurs incroyable, avec une virtuosité à couper le souffle (celui du public, pas le sien) et elle incarnait un Polinesso très fanfaron qui parcourait la scène à grandes enjambées, seul problème je pense que le rôle est un peu trop bas pour elle.

Ah oui ? Il est vrai que c'est plutôt bas de plafond, mais elle a tout de même de belles ressources, elle a chanté avec succès des rôles de contralto.


Chez les rôles femmes aussi, contraste entre spécialsite du baroque/non spécialiste du baroque avec Jaël Azzareti dans le rôle de la suivante et Daniele de Niese dans le rôle de Ginevra.

De Niese, comme Kirchschlager, fait tout de même beaucoup de baroque. Mais pas "spécialiste" au sens exclusif, tout à fait.

Je suis par ailleurs un peu perplexe sur son cas. Elle dispose d'une grande aisance scénique (et chaque critique aime à féliciter sottement le théâtre pour avoir embauché une chanteuse au physique du rôle, comme si on y voyait quelque chose à l'Opéra...) et vocale. Mais il y a tout de même une acidité permanence sur cette petite voix qui confine parfois à l'aigreur. Bref, pour les mêmes emplois, il existe des voix mieux timbrées, il me semble. Anne-Catherine Gillet ou Delphine Gillot, par exemple.
Mais c'est généralement très bon, en effet.

Sinon, oui, Rousset est vraiment tiède et uniforme, surtout dans Haendel. Et il dirige très lentement qui plus est. Cela dit, avec l'habitude, on s'y fait et on peut y prendre du plaisir. En tout cas du côté de la tragédie lyrique.


Dans Haendel je préfère le style de Marc Minkovski et surtout de René Jacobs, qui mettent la partition en relief et donnent de la vie à ces aventures mythologiques.

Minkowski, tout dépend quelle partition. Oui pour Giulio Cesare, mais moins enthousiaste pour Ariodante et Amadigi.

Jacobs, bien entendu, révéré par tous et à juste titre, aussi bien pour Giulio Cesare que pour Rinaldo (avec Genaux, tu devrais tenter, enregistrement fantastique).


Seul moment de grande animation : il y avait des cors naturels, c’est marrant le cor naturel c’est deux pauvres musiciens qui s’époumonent dans des gros tuyaux tordus, et ça fait des bruits genre « Pwaaaââât Pwâââat Poeut Meuhhh Kwaaaac Kwaaaaac Flerererebleubeleubeuleu ». Il paraît que ça donne un côté héroïque à la partition.

Là tu parles des cors de Rousset... (ou de l'Orchestre de Paris, diront les très mauvaises langues), tous ne sont pas comme cela.


Effectivement, pour Castor, on en a sans doute trop fait, mais c'était formidable quand même. :-) J'ai failli monter à Paris, mais la retransmission radio me fait faire des économies. Surtout qu'elle est très bonne, France Mu a fait des progrès incroyables pour les prises de son du baroque.
Fanch a dit…
merci de ce commentaire d'un compte-rendu indigeste !

Sur l'interprétation, bonne surprise, peut-être parce qu'il s'agit d'un répertoire léger vocalement, parce que ce qui sort des écoles de chant, CNSM compris... il faut trier. De très gros potentiels voisinent avec, disons pudiquement, des élèves encore en apprentissage.

Isabelle Druet peut tout à fait être élève et avoir déjà un bon début de carrière, c'est normal, le CNSM se veut l'antre de la professionnalisation.


Franchement ce serait de la mauvaise foi que de dire que ce n'était pas bon. Ce sont plutôt les prestations en dessous qui se voyaient, la chanteuse dans le rôle de Morgana avait des soucis de justesse et un des deux Oronte était en dessous - alors que l'autre était très bon, mais ici encore impossible de donner un nom.

Au final, une Alcina très divertissante, avec une mise en scène facile à suivre (même un peu de kung fu sur scène, mais ça reste assez sage)

Ce qui, vu ta connaissance encyclopédique du cinéma disons "populaire marginal", a considérablement enrichi ta thèse en cours sur le nanar.


Attention aux préjugés sur le cinéma de genre, en particulier asiatique :) le pire y cotoie le meilleur et beaucoup de cinéastes "institutionnels" - français entre autres - pourraient en prendre de la graine, sur les sujets traités comme sur la façon dont ils sont traités.

et une équipe de chanteurs qui faisaient bien varier la musique de Haendel dans le rythme [...]

Tu veux dire les tempi ou l'irrégularité 'agogique' ?


je voulais dire les tempi, sinon je ne pense pas qu'on puisse prendre trop de liberté avec le rythme chez Haendel, si ? Bon je vois ce que tu veux dire, j'aurais du parler de la direction. Bon bon...

Mélancolique ?? J'ai toujours dit que Kirchschlager n'était pas à son meilleur en italien. :-(

Normalement, c'est à la frontière entre le désespoir et la sombre dérision.

Je suis allé voir, comme dans son disque récent, comme dans toutes ses interventions de ma connaissance dans le seria, c'est d'une mollesse expressive vraiment agaçante. Quant à Rousset, franchement tiède aussi... tout nous porte vers le mélancolique gentillet en effet, mais ce n'est pas cela !


dans le souvenir récent et peut être déjà magnifié, Kirschschlager était plus à l'aise que cela. S'agit-il ici d'une video de répétition, ou bien les chanteurs ont pris leur marque petit à petit dans la mise en scène ? En tout cas cela donne quand même une idée. J'y étais le dimanche et c'était semble t'il enregistré ce jour là, tu me diras comment tu as trouvé sur France Mu :)

J'ai ce Rinaldo de Jacobs avec Vivica Genaux, qui m'a conforté dans ma fanitude. Cela dit dans ce Polinesso elle avait peu de volume sonore dès que ça descendait trop. C'était la première fois qu'elle chantait le rôle, peut-être besoin de plus de pratique pour le dominier complètement.

Rousset est vraiment tiède et uniforme, surtout dans Haendel. Et il dirige très lentement qui plus est. Cela dit, avec l'habitude, on s'y fait et on peut y prendre du plaisir. En tout cas du côté de la tragédie lyrique.

C'était me première fois que je l'entendais, ça manquait quend même beaucoup de peps à mon goût.
Il se voit apparemment plus comme un accompagnateur que comme un maître de cérémonie, cela dit le son de son orchetrestre est très fin, très ciselé.

« Pwaaaââât Pwâââat Poeut Meuhhh Kwaaaac Kwaaaaac Flerererebleubeleubeuleu ». Il paraît que ça donne un côté héroïque à la partition.

Là tu parles des cors de Rousset... (ou de l'Orchestre de Paris, diront les très mauvaises langues), tous ne sont pas comme cela.


Pourtant ils étaient un des clous de la soirée, il y avait dans le programme un article " le cor baroque, un naturel à ne pas chasser". Je suis admiratif de la capacité qu'à eu Ildebrando D’Arcangelo de chanter un air ensemble avec ces cors tout en restant lui-même juste, c'était sans doute cela le côté héroïque de la chose.

Effectivement, pour Castor, on en a sans doute trop fait, mais c'était formidable quand même. :-) J'ai failli monter à Paris, mais la retransmission radio me fait faire des économies. Surtout qu'elle est très bonne, France Mu a fait des progrès incroyables pour les prises de son du baroque.

Mais j'avais des a-prioris stupides contre Rameau. Je ferai plus attention désormais, c'est juré.
Anonyme a dit…
merci de ce commentaire d'un compte-rendu indigeste !

Tût tût, pas d'autodénigrement déplacé.


Attention aux préjugés sur le cinéma de genre, en particulier asiatique :) le pire y cotoie le meilleur et beaucoup de cinéastes "institutionnels" - français entre autres - pourraient en prendre de la graine, sur les sujets traités comme sur la façon dont ils sont traités.

Pure provocation de ma part. :-)


je voulais dire les tempi, sinon je ne pense pas qu'on puisse prendre trop de liberté avec le rythme chez Haendel, si ?

Oh, tout de même, si. Peut-être pas autant que chez Charpentier, bien sûr. Merci pour la précision. :-)


dans le souvenir récent et peut être déjà magnifié, Kirschschlager était plus à l'aise que cela. S'agit-il ici d'une video de répétition, ou bien les chanteurs ont pris leur marque petit à petit dans la mise en scène ? En tout cas cela donne quand même une idée. J'y étais le dimanche et c'était semble t'il enregistré ce jour là, tu me diras comment tu as trouvé sur France Mu :)

Je ne suis pas sûr d'écouter, mais là, la vidéo, les accentuations molles, ce n'est pas folichon. Ca reste très bien, mais elle peut faire tellement plus !
Trop frustrant pour moi. :)


J'ai ce Rinaldo de Jacobs avec Vivica Genaux, qui m'a conforté dans ma fanitude. Cela dit dans ce Polinesso elle avait peu de volume sonore dès que ça descendait trop. C'était la première fois qu'elle chantait le rôle, peut-être besoin de plus de pratique pour le dominier complètement.

C'est normal, le rôle est un peu bas, et elle n'est que mezzo.


C'était me première fois que je l'entendais, ça manquait quend même beaucoup de peps à mon goût.
Il se voit apparemment plus comme un accompagnateur que comme un maître de cérémonie, cela dit le son de son orchetrestre est très fin, très ciselé.


Détrompe-toi, Rousset est paraît-il non seulement très jaloux de sa situation, mais en outre je sais de sa bouche qu'il intervient dans les choix des chanteurs - il aurait voulu l'être lui-même.


Pourtant ils étaient un des clous de la soirée,

Donnez-nous ce soir notre pain quotidien.


Mais j'avais des a-prioris stupides contre Rameau. Je ferai plus attention désormais, c'est juré.

C'est à mon goût la partition la plus enthousiasmante de Rameau, du moins dans la version originale (celle de 54 choisie par Gardiner m'enchante bien moins).

Quel genre d'a priori, qui ne soit également applicable à Haendel ?
Fanch a dit…
Mais je prouve l'étendue de mon incompétence et de mes préjugés, héhé :

je voulais dire les tempi, sinon je ne pense pas qu'on puisse prendre trop de liberté avec le rythme chez Haendel, si ?

Oh, tout de même, si. Peut-être pas autant que chez Charpentier, bien sûr. Merci pour la précision. :-)


j'avoue que les fluctuations rythmiques dans la musique baroque est une question qui m'échappe.

J'aurais aimé avoir des vraies notions sur la question, j'ai toujours été frustré notamment par ce qu'on m'a enseigné à la guitare dans ce genre de répertoire. C'était d'un triste. Tout bien en rythme, bien accentuer sur les temps, jouer les appogiatires et ornements sans modifier la pulsation, un petit ralenti à la fin et on reprend en changeant la position de main droite : bien sur la rosace la première fois, on descend la main pour avoir un son plus métallique lors de la reprise, ainsi on varie le son et on ne lasse pas l'auditeur. Sisi je t'assure.

Et c'était les années 80, les questions de style baroque commençaient à intéresser pourtant. Mais pas mes profs (enfin pas la prof que j'ai eu trop longtemps).

Quel genre d'a priori, qui ne soit également applicable à Haendel ?

Dans mes idées préconçues, Haendel c'était de la musique en phase avec son temps, subtile et bien écrite, alors que Rameau était un compositeur qui avait bien un demi-siècle de retard. Et avec une écriture vocale est moins chatoyante.

Finalement, je dois reécouter tout cela, c'est loin d'être évident Pour Rameau, le théatre est au centre de tout, et les spectacles qu'il propose sont étonnants, plus que ceux de Haendel sans doute.

Je ne connais que les Indes Galantes et Platée. La scène de Platée dans laquelle La Folie ayant dérobé la lyre d'Apollon fait son show m'intrigue d'ailleurs : s'agit t'il d'un prétexte à une expérimentation musicale pour Rameau ? Ca reste très sage pour nos oreilles. Ou est-ce une simple plaisanterie ? Mais c'est le moment de Platée le plus agréable musicalement.

D'ailleurs je vais te faire plaisir, j'ai été époustouflé par ton idole ;) Mireille Delunsch dans ce passage. Quelle que soit l'intention de Rameau, elle en fait un incroyable moment de théatre :)

Enfin j'avais AUSSI des a-prioris sur Haendel avant. J'y vais compositeur par compositeur, je ne suis pas un rapide...
Anonyme a dit…
Tout bien en rythme, bien accentuer sur les temps, jouer les appogiatires et ornements sans modifier la pulsation, un petit ralenti à la fin
Aargh !

La chose est simple : il faut donner l'impression d'un demi-pointé, mais surtout, le résultat doit danser.


et on reprend en changeant la position de main droite : bien sur la rosace la première fois, on descend la main pour avoir un son plus métallique lors de la reprise, ainsi on varie le son et on ne lasse pas l'auditeur. Sisi je t'assure.
Quelle conception pleine et entière de l'interprétation. :)


Dans mes idées préconçues, Haendel c'était de la musique en phase avec son temps, subtile et bien écrite, alors que Rameau était un compositeur qui avait bien un demi-siècle de retard. Et avec une écriture vocale est moins chatoyante.
Ah oui, rien à voir avec la choucroute. :-) C'est juste différent, musique française et musique italienne.


Finalement, je dois reécouter tout cela, c'est loin d'être évident Pour Rameau, le théatre est au centre de tout, et les spectacles qu'il propose sont étonnants, plus que ceux de Haendel sans doute.
Je trouve aussi. Mais je préfère à l'ère plus décorative de Rameau ses prédécesseurs, de Lully à Destouches.


Je ne connais que les Indes Galantes et Platée.

Ceci explique cela. Tente donc Castor par Christie et on en recause. :)


La scène de Platée dans laquelle La Folie ayant dérobé la lyre d'Apollon fait son show m'intrigue d'ailleurs : s'agit t'il d'un prétexte à une expérimentation musicale pour Rameau ? Ca reste très sage pour nos oreilles. Ou est-ce une simple plaisanterie ? Mais c'est le moment de Platée le plus agréable musicalement.
Pas d'accord sur ce dernier point, mais le plus saillant sûrement.

C'est un jeu un peu absurde avec un certain nombre d'éléments contextuels de l'époque. Pas à proprement parler de l'expérimentation musicale, qui n'intéressait pas en tant que telle, mais au sein d'un tout.


D'ailleurs je vais te faire plaisir, j'ai été époustouflé par ton idole ;) Mireille Delunsch dans ce passage. Quelle que soit l'intention de Rameau, elle en fait un incroyable moment de théatre :)
Et je vais te surprendre, mais c'est probablement ce qu'elle a fait de moins bien. Loin de l'originalité et de l'aboutissement de la plupart de ses autres incarnations. Mais scéniquement, oui, c'est remarquable.


Enfin j'avais AUSSI des a-prioris sur Haendel avant. J'y vais compositeur par compositeur, je ne suis pas un rapide...
D'autres restent attachés à Donizetti seulement toute leur vie. Tu vois, il y a pire comme malédiction. :)

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