The Secret Sharer - Joseph Conrad


Je n'avais pas lu de livres de Joseph Conrad depuis un bon moment, je connais assez mal cet auteur anglo-polonais donc j'avais lu quelques nouvelles et Heart of Darkness.

Ce compagnon secret " Secret Sharer" de 1909 est une nouvelle assez énigmatique qui peut se comprendre de différentes façons, basée sur un fait divers. Conrad avait entendu cette histoire d'un officier britannique - un officier du fameux Cutty Shark qui a malheureusement brûlé récemment - ayant receuilli et caché à son bord un officer britannique fugitif d'un autre navire après avoir accidentellement tué un homme d'équipage.

Le traitement de Conrad est construit sur le thème du double. Dans sa transposition, le personnage principal est un jeune officier qui doiut pour la première fois diriger un navire. Inexpérimenté, il se trouve confronté à la difficulté du commandement et à la solitude qu'elle entraîne. Son équipage connaît parfaitement le navire, les eaux et les côtes auprès desquelles ils se déplacent, et teste le jeune officier par une attitude générale de défiance polie.

C'est cette descrition de personnage qui est l'objet de la nouvelle, le jeune officier se cherche une contenance et en arrive à éviter son équipage pour trouver une plus grande tranquilité dans la solitude. L'arrivée inattendue d'un fugitif de nuit sur le navire va tout modifier, les deux hommes étant le miroir l'un de l'autre. Conrad montre donc deux facettes du même personnage, celui qui a échoué à affirmer son autorité, et celui qui peut encore le faire. Le lecteur peut même parfois douter que le double existe vraiment, peut-être n'est-il qu'une fiction inventée par le jeune officier dans sa solitude même et qui incarnerait les conséquences d'un échec.

On peut aussi voir ce secret sharer comme une version tardive d'un des grands thèmes de la littérature du XIXè siècle avec le dualisme de la personnalité divisée en bonne part et mauvaise part. Il pourrait aussi être tentant de la lire comme une histoire homosexuelle, dans cet univers exclusivement masculin avec la complicité des deux officiers et la promiscuité de la cabine, mais je ne suis pas certain que cela fasse partie des intentions de l'auteur.

Mais en revanche, Conrad a mis une grande part de lui-même dans cette nouvelle, il le dit d'ailleurs dans son introduction. Elle peut se lire comme une étude sur sa propre solitude, et bien entendu, comme pour tous ses livres maritimes, une description de cet univers qui le fascinait.

Commentaires

Anonyme a dit…
Chez les doubles troublants, il y a bien sûr Dosto qui sonne véritablement malsain. Et ce même type de situations confuses dans Barbey d'Aurevilly...

En effet, ça semble dans cette filiation, sans même parler d'Hoffmann, bien sûr.
Fanch a dit…
Barbey d'Aurevilly ce serait dans les diaboliques ? Il va falloir que je relise ces nouvelles, je ne me souviens que de fragments.

Pour ce secret sharer, j'ai oublié de mentinnonner que la " scène finale" est étonnante, mais qu'on ne compte pas sur moi pour la raconter.
Anonyme a dit…
Oui, je pensais aux Diaboliques. Non pas des affaires de doubles à proprement parler, mais un trouble sur l'identité assez semblable à ce que tu décris.

Sans compter l'écriture délicieusement décadente, bien sûr, je crois que tu me comprends...

Et d'une flamboyance sans pareille.
Anonyme a dit…
People should read this.

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