Pelléas et Mélisande - Debussy - Théâtre des Champs Elysées


Je crois que j'ai fini la saison opéra sur une croissance superlative des spectacles que j'ai pu voir. Après une fantastique Affaire Makropoulos, un Lohengrin phénoménal, j'ai eu droit à un Pelléas et Mélisande fabuleux (oui, c'est toujours LouRavi de retour de l'opéra.)

Pelléas est un opéra un peu difficile pourtant, j'ai eu du mal à entrer dedans et il a fallu ma fascination pour les Préludes pour piano de Debussy pour me convaincre de tenter plusieurs écoutes de cette ouevre. La musique de Debussy est très subtile, construction d'accords complexes et modulant sans cesse de tonalité inédite en autre modilité inédite, il en ressort un sentiment d'instabilité, qui correspond assez bien à l'art impressionniste contemporain de Debussy.

Ce samedi soir, l'orchestre National de France était dirigé par Bernard Haitink, et je crois que la direction du chef néerlandais me convient bien. Grande clarté, grande simplicité dans son jeu, un peu lent quand même à mon goût. Mais cela reste équilibré, je crois que je déteste le Debussy contemplatif souvent devenu la norme. Ici, ce n'est pas le cas et la partition est montrée avec sobriété, sans jamais couvrir les chanteurs.



Pelléas et Mélisande est écrit sur le texte de Maeterkinck, dramaturge belge, et le texte choisi par Debussy est non-lyrique au possible. Le chant est proche du parlé plus que du chanté de l'opéra italien, ce qui déroute une partie des spectateurs - et certains spectateurs tels que Richard Strauss disant que la musique était magnifique mais se demandaient quand est ce que les acteurs allaient commencer à chanter ?

La mise en scène était très belle, symboliste, ce qui correspond au style de l'opéra, avec des tulles brodées descendant sur scène. Vous pourrez la voir sur Arte en septembre si vous avez raté la retransmission sur France Musiques. Une splendeur de couleurs, avec une vraie direction d'acteurs.

Sur la distribution, j'ai été enthousiamé par le Golaud de Laurent Naouri que je sous-estimais dans le rôle, ainsi que par le Pelléas du canadien Jean François Lapointe. Magdalena Kozena dans le rôle de Mélisande a une voix d'une beauté incroyable, mais sa diction du français n'est pâs toujours intelligible, elle chante le rôle plus qu'elle ne le parle. Mais une distribution quasi irréprochable à mon goût, très bons acteurs, dynamiques, présents sur scène.

Encore une très très bonne soirée d'opéra ! Idéal en plus au Théatre des Champs Elysées qui a au plafond une fresque de Maurice Denis avec une Mélisande représentée au milieu d'une scène lyrique. Même le théatre était idéal.

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