ETA Hoffmann Contes Nocturnes
Il est grand temps que j’alimente de nouveau ce blog que j’ai un peu négligé.
J’ai pas mal lu ces derniers temps, avec un petit crochet par le romantisme allemand et un recueil de Contes de ETA Hoffmann « Contes nocturnes », je n’avais jusqu’à présent jamais lu une seule ligne d’Hoffmann, je dois l’avouer. Il faisait partie de ces écrivains connus de nom mais dont je ne connaissais pas le contenu exact.
Si vous êtes intelligents et que vous souhaitez lire ce texte dans une traduction libre de droits pouvez imprimer cette version sur Gallica : gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k67675f.
Comme je suis bébête je l’ai lu dans cette édition chez Phébus Libretto qui a publié une intégrale des contes d’Hoffmann.
J’ai été étonné par la facilité que j’ai eu à lire ce livre : les contes fantastiques d’Hoffmann qui sont à la source de la littérature romantique et de la littérature fantastique paraissent très proche et « modernes », bien qu’ils aient été écrits dans la première moitié du XIXè siècle.
Le livre est très riche par ses thèmes et ses situations. Hoffmann met en place une imagination cauchemardesque remplie de vampires, de spectres, de crimes, de malédictions et son écriture est très efficace. J’ai même été surpris de trouver à quel point les écrivains fantastiques venus après lui comme Poe ou Lovecraft avaient en définitive peu ajoutés à ce genre de récits.
Mais il y a une touche particulière à l’univers d’Hoffmann : un décalage permanent, comme on dirait aujourd’hui. Il est le virtuose des situations ordinaires dans lesquelles on se sent mal à l’aise, car quelque chose ne va pas, que l’on n’arrive pas immédiatement à identifier. A l’inverse, il arrive à donner une apparence de normalité à des personnages monstrueux et il joue beaucoup sur ces ambiances « claires – obscures » pour tromper et dérouter son lecteur. Une très bonne surprise pour moi, qui m’attendais à lire un livre qui aurait beaucoup plus « vielli » que cela.
Il y a surtout une dimension psychologique étonnante dans ses contes, et je ne suis pas surpris de lire que Sigmund Freud a écrit une lecture psychanalytique des œuvres d’Hoffmann, les personnages décrits sont souvent frustrés et victimes de leurs fantasmes encore plus que des monstres qui peuplent cet univers. Freud a décrit le sentiment qui se dégage de la lecture d’une des nouvelles de ce livre « L’homme au sable » comme une « inquiétante étrangeté ». Je ne pense pas qu’il y ait un meilleur moyen de le définir.
Je comprends que Hoffmann ait tant fasciné et inspiré les musiciens romantiques, il y a dans ce livre une rupture totale avec la littérature classique et je lirai d’autres nouvelles à l’occasion.
Ma « découverte » du mois de janvier donc.
J’ai pas mal lu ces derniers temps, avec un petit crochet par le romantisme allemand et un recueil de Contes de ETA Hoffmann « Contes nocturnes », je n’avais jusqu’à présent jamais lu une seule ligne d’Hoffmann, je dois l’avouer. Il faisait partie de ces écrivains connus de nom mais dont je ne connaissais pas le contenu exact.
Si vous êtes intelligents et que vous souhaitez lire ce texte dans une traduction libre de droits pouvez imprimer cette version sur Gallica : gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k67675f.
Comme je suis bébête je l’ai lu dans cette édition chez Phébus Libretto qui a publié une intégrale des contes d’Hoffmann.
J’ai été étonné par la facilité que j’ai eu à lire ce livre : les contes fantastiques d’Hoffmann qui sont à la source de la littérature romantique et de la littérature fantastique paraissent très proche et « modernes », bien qu’ils aient été écrits dans la première moitié du XIXè siècle.
Le livre est très riche par ses thèmes et ses situations. Hoffmann met en place une imagination cauchemardesque remplie de vampires, de spectres, de crimes, de malédictions et son écriture est très efficace. J’ai même été surpris de trouver à quel point les écrivains fantastiques venus après lui comme Poe ou Lovecraft avaient en définitive peu ajoutés à ce genre de récits.
Mais il y a une touche particulière à l’univers d’Hoffmann : un décalage permanent, comme on dirait aujourd’hui. Il est le virtuose des situations ordinaires dans lesquelles on se sent mal à l’aise, car quelque chose ne va pas, que l’on n’arrive pas immédiatement à identifier. A l’inverse, il arrive à donner une apparence de normalité à des personnages monstrueux et il joue beaucoup sur ces ambiances « claires – obscures » pour tromper et dérouter son lecteur. Une très bonne surprise pour moi, qui m’attendais à lire un livre qui aurait beaucoup plus « vielli » que cela.
Il y a surtout une dimension psychologique étonnante dans ses contes, et je ne suis pas surpris de lire que Sigmund Freud a écrit une lecture psychanalytique des œuvres d’Hoffmann, les personnages décrits sont souvent frustrés et victimes de leurs fantasmes encore plus que des monstres qui peuplent cet univers. Freud a décrit le sentiment qui se dégage de la lecture d’une des nouvelles de ce livre « L’homme au sable » comme une « inquiétante étrangeté ». Je ne pense pas qu’il y ait un meilleur moyen de le définir.
Je comprends que Hoffmann ait tant fasciné et inspiré les musiciens romantiques, il y a dans ce livre une rupture totale avec la littérature classique et je lirai d’autres nouvelles à l’occasion.
Ma « découverte » du mois de janvier donc.
Commentaires
J’ai été étonné par la facilité que j’ai eu à lire ce livre : les contes fantastiques d’Hoffmann qui sont à la source de la littérature romantique et de la littérature fantastique paraissent très proche et « modernes », bien qu’ils aient été écrits dans la première moitié du XIXè siècle.
Oui, le style en est limpide, et notre esprit encore suffisamment marqué par les réflexes romantiques pour y être sensible.
Je comprends que Hoffmann ait tant fasciné et inspiré les musiciens romantiques,
Les musiciens romantiques ? Pas tant que ça, à ma connaissance. En revanche, il était lui-même compositeur.
D'une manière générale, les premiers romantiques allemands (disons les romantiques pas tardifs) ont très peu vieilli. Ce n'est pas pour prêcher pour ma paroisse, mais Hölderlin...
Et Schiller bien sûr, la Fiancée de Messine ou Don Carlos... Ou la simplicité désarmante et bien chantante d'Eichendorff.
il y a dans ce livre une rupture totale avec la littérature classique
En effet. A part peut-être le caractère direct de l'écriture, mais beaucoup plus affective et moins théorique, bien sûr.
Cela me suffit amplement pour faire une généralisation abusive et honteuse :D
Ok, Schumann - cela dit, Nachtstücke, ça veut dire "pièces nocturnes" et "Phantasiestücke"... alors après...
Oui, je suis commentateur, alors j'ai le droit de taquiner. :)