Contes d'Hoffmann - Offenbach - Opéra Bastille


Je suis allé jeudi assister à une représentation très réussie des Contes d'Hoffmann à l'Opéra Bastille. Ce n'était pas prémédité, simplement j'avais lu un recueil de contes le mois dernier (voir plus bas sur le blog) et je n'avais jamais vu cet opéra "en vrai".

Je n'ai pas été déçu et j'ai passé une très bonne soirée. La mise en scène est celle de Robert Carsen créée en 2000 et qui est devenue un classique de l'Opéra Bastille, avec une nouvelle distribution cette année. L'histoire est celle de l'écrivain Hoffmann amoureux de la cantatrice Stella. Il raconte aux personne présentes autour de lui ses précédentes amours et chacun des trois actes de l'Opéra va être une de ses aventures, en réalité inspirées par des nouvelles d'Hoffmann (le vrai).

La mise en scène est très vivante et me semble respecter dans l'ensemble l'esprit de l'opéra de Jacques Offenbach. Mais je pense que Robert Carsen a voulu varier les styles et le premier acte est comique alors que les 2 suivants sont plus tragiques.

Ekaterina Gubanova

Si j'ai bien compris, le premier acte avec la fiancée automate est aujourd'hui systématiquement traité de façon délirante alors que l'intention d'Hoffmann est autant d'inquiéter (avec un des premiers cyborgs de la littérature :p) que d'amuser. J'aimerais bien voir un jour une mise en scène "sérieuse" de cet acte, mais le show de Natalie Dessay dans ce rôle dans la même mise en scène de Carsen il y a quelques années est devenue une référence; et il y avait beaucoup de pression sur Patricia Petibon qui reprend le rôle. Elle s'en sort bien, même si elle est moins virtuose dans les aigûs extrèmes de ce rôle que Dessay (vue en DVD), elle choisit un jeu de scène délirant d'automate, et elle profite de sa grossesse (de 7 mois si j'ai bien compris) pour mettre le public dans sa poche. (La soprano Sumi Jo a assuré la représentation plusieurs soirs et comme j'avais adoré en récital il y a quelques mois j'aurais bien voulu l'entendre aussi dans ce rôle, tant pis).

La star de la soirée est le ténor mexicain Rolando Villazon, qui a une voix superbe, qui joue tout le rôle à l'énergie, une vraie bête de scène. Son interprétation de Hoffmann est très musicale, il ne se moque pas du public et il doit finir sur les rotules chaque soir. Le seul vrai défaut est un français un peu étrange - pourtant il vit à Paris - qui oblige à zieuter les surtitres assez souvent, bah on va dire que c'est le principe à l'opéra.

Rolando Villazon


Aussi extraordinaire, la prestation de la mezzo-soprano Ekaterina Gubanova dans le rôle de la Muse/Nicklausse qui chante réellement en français, elle, avec une voix très puissante et un timbre très beau. A eux deux avec Villazon ils assuraient déjà le succès de la soirée.

Annette Dasch

Le deuxième acte est tragique avec l'histoire d'Antonia qui meurt en chantant à cause des remèdes d'un charlatan, le docteur Miracle. La soprano Annette Dasch, que je ne connaissais même pas de nom, fait une prestation géniale d'actrice et de chanteuse. Le méchant en titre (Lindorf, Coopelius, Miracle, Dapertuto) Franck Ferrari est aussi convaincant.

Par contre, alors que sur scène tout le monde est déchaîné, ça à l'air de roupiller dur dans la fosse d'orchestre, mais bon faut pas non plus se plaindre : ça tient bien la route.

J'ai donc enfin vu le chef d'oeuvre posthume de Jacques Offenbach, qu'il a écrit pour montrer qu'il était beaucoup plus qu'un faiseur d'opérettes. C'est dommage qu'il n'ait même pas pu achever son "grand opéra", on pourrait entendre quelque chose d'encore plus extraordinaire que cette version des Contes d'Hoffmann qui est déjà fabuleuse.

Jacques Offenbach


Amusant : mon prochain spectacle à Bastille sera "La Juive" de Halevy le 3 mars, compositeur qui tenait le haut du pavé à Paris pendant qu'Offenbach était méprisé dans son statut de compositeur d'opérettes. "La Juive" est depuis tombée dans l'oubli et n'a pas été jouée à Paris depuis 1934, j'ai hâte de voir cette résurrection.

Commentaires

Praline a dit…
Cet représentation était merveilleuse ! Merci pour ce bel article.
Jean a dit…
Article très intéressant, en effet. Mais vous ne dites rien des autres interprètes, et c'est fort dommage.
Il faudrait que vous écoutiez la version sur cd dirigée par André Cluytens; fabuleuse de justesse et de beauté tout simplement. Schwarzkofp, Los Angeles, Gedda... absoluement uniques.
une chose me turlupine, cependant : comment cela se fait il que le livret soit aussi confus et que tout le monde se pâme sur cette oeuvre? Pire que Trovatore, Le Nozze, Ariodante, Le voyage de Reims..., réunis. -
Mais peut être que la beauté n'a pas forcément besoin de clarté ni de logique; qui sait?
Jean
Anonyme a dit…
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