Jorge Luis Borges - L'Aleph



Livre étonnnant et d'une lecture assez difficile, une quinzaine de nouvelles de Borges regroupées sous le titre l'Aleph.

Impossible de résumer, chaque nouvelle fonctionne à plusieurs niveaux. Borges situe ses personnages dans des univers gnostiques, dans lesquels le temps ne se déroule pas de façon linéaire et peut même être trafiqué. Les personnages évoluent parfois dans des dimensions parrallèles qui n'ont qu'une ressemblance illusoire avec notre univers, il joue sur la narration : réaliste, il s'efforce d'écrire l'indescriptible. Il joue avec les limites de l'écriture et du récit, il peut montrer l'impossibilité d'écrire à la première personne, s'amuse à introduire l'infini, des jeux de miroirs qui ne sont jamais exactement fidèles.

Le motif qui revient dans chaque nouvelle est le labyrinthe, soit qu'il s'agisse d'un labyrinthe physique, qui peut apparaître comme un clin d'oeil, soit le labyrinthe mental du personnage et son cheminement. Le labyrinthe peut être dépourvu de murs comme un désert de sable, ou bien être celui du roi Minos vu par les yeux de son occupant, il y a des labyrinthes construits pour perdre les autres, et certains qui sont construits pour se perdre soi même.

Le texte n'est pas si hermétique, chaque nouvelle a une conclusion claire et surprenante. Le livre peut se lire comme un roman de science fiction, à chaque fois déroutant, qui se situerait dans l'antiquité grecque, l'orient médiéval, des rives d'Irlande ou des maisons bourgeoises argentines.

Une immense réussite dans un genre qui n'appartient qu'à Borges.

Commentaires

Anonyme a dit…
Oh oui, oh oui ! Lorsqu'on le désigne comme le conteur par excellence, ce n'est pas une vaine élucubration critique.

Dans l'Aleph, on rencontre aussi bien des nouvelles relativement réalistes (inspiré de la "petite littérature" des almanachs, qu'il lisait en quantité) que des nouvelles historiques (avec des paradoxes temporels toujours vertigineux) ou des nouvelles, comme tu le disais, vraiment gnostiques.

L'intrigue est toujours le moyen de mettre en scène une problématique métaphysique insoluble et assez incroyable. Mais ce n'est pas le prétexte à une leçon : nous ne trouverons aucune réponse, juste le plaisir du conte et du questionnement.

Indispensable en effet. :-)
Fanch a dit…
Ah voilà, c'est exactement ce que je voulais dire mais je le dis moins bien :)
Anonyme a dit…
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