Lingling Yu - Musique chinoise, pipa



Le luth chinois à quatre cordes est un des instruments les plus anciens encore joués, encore qu'il semble y avoir eu des modifications importantes depuis son apparition (ses premières mentions) comme instruments des orchestres de cour Chinoises de la dynastie des Han vers -200 avant JC (300 ans après Confucius, pour parler plus clairement). Les modifications sont venues de la route de la soie, le pipa s'inspirant de la forme du luth iranien au cours des premiers siècles. Le terme Pipa désigne toute une famille d'instruments qui a évolué en fonction des époques et des régions.

Comme tous les instruments de ce type, c'est ingrat et austère. Un volume sonore très faible, compensé par le plus beau type de timbre qui soit (quand on est tout près). L'instrument a dû être populaire en Chine en dehors des cercles de la noblesse, comme l'indique le poête Xuan Fu, de la dynastie Jin (265-420 après JC), dans "Ode au Pipa" : "... le pipa apparut lors de la dernière période de la dynastie Qin. Quand le peuple souffrait lors des travaux forcés de la Grande Muraille de Chine, ils jouaient de cet instrument pour exprimer leur ressentiment". (trouvé sur ce site). On comprend mieux que le peuple chinois ne soit pas toujours bien entendu...

Le programme choisi par Lingling Yu, à l'exception de Xū Lài (le son du silence)"crit en 1929 par Tianhua Liu et qui donne son nom à l'album, est exclusivement composé de pièces traditionnelles.

Essentiellement d'ancienne mélodies de Ying Zhou, mais on n'en saura pas beaucoup plus, sinon qu'il s'agit de traditions recomposées et retransmises par diverses personnes, la reconstitution de la musique classique chinoise paraît être une entreprise de longue haleine.

Parti à la pèche aux informations, j'ai fini par comprendre que le style de Ying Zhou est une école spécifique du jeu de Pipa originaire de l'île de Chongming au large de Shanghai. Bon, je sais, vous restez sur votre faim, mais la page la plus complète et documentée qui semble exister sur le sujet sont ces quelques lignes sur le site de la ville de Shanghai...), un style qui semble avoir connu son heure de gloire pendant le règle de l'empereur Xianfeng (1850-1861). On peut également trouver sur internet le livre de la Thèse d'un certain John Myers de l'Université de Maryland (The way of the pipa) qui consacre quelques lignes sur ce style Ying Zhou. Le recueil de partitions a été publié en 1919 au début de la période républicaine chinoise, et est entré depuis cette date au répertoire des interprètes de cet instrument.

Mais le plus simple est sans doute d'écouter ce très beau disque.




Il y a aussi un site de Lingling Yu, pas très bavard, avec trois extraits de meilleure qualité.

Bonne écoute !

Commentaires

DavidLeMarrec a dit…
J'ai tout de même été très étonné de m'apercevoir que deux théorbes, depuis la fosse, pouvaient vraiment être audibles, dans le récent Couronnement de Poppée bordelais (musiciens du Concerto Italiano). J'étais particulièrement bien placé (fond de parterre, là où le son est le plus fort), mais tout de même, je n'aurais pas cru que ça puisse faire trembler les murs.

Il doit donc y avoir des solutions, d'autant que je n'ai pas repéré d'amplification.

La difficulté pour le pipa, c'est qu'en plus du son de l'instrument, le répertoire lui-même fait largement la place à l'ascétisme, l'écho, le silence, l'interruption. On ne cherche pas à meubler l'espace acoustique comme dans les musiques occidentales, plus homogènes, qui ronronnent.

Ce doit être terrible avec un public un tout petit peu bruyant. Le type même de musique où le concert n'apporte pas vraiment de plus-value, au contraire peut-être.

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